Gemma Hayes

La Boule Noire, le 19 juin 2002


Signé sur Labels, James Yorkston, auteur-compositeur irlandais, ouvre ce soir pour Gemma Hayes. Errant entre musique populaire et folk mélancolique, il peint sa vision de la musique irlandaise actuelle, une musique discrète, bien loin des fanfares Divine Comedy et consorts. Chacun de ses titres portent en lui plus une tonalité qu’une mélodie, au final on retient surtout les atmosphères et moins les chansons qui les ont éveillées. De ce calme bienveillant, on bascule soudain dans une autre sphère où rage et douceur se côtoient.

Enième révélation féminine du rock, Gemma Hayes tente bien d’outrepasser cette étiquette qui lui va pourtant si bien. Alternant parfaitement les ballades mélancoliques et les morceaux plus rudes à l’image de « Let a good thing go » ; la jeune chanteuse aura fourni une prestation à l’image de ce que l’on attendait d’elle mais sans véritablement surprendre. Sa musique n’a en réalité que de l’ampleur dans la mesure où elle est parée, ornée à l’aide de musiciens ; ses pop songs se révèlent n’être parfois que des êtres de chair sans véritable squelette. A vrai dire, il s’agit beaucoup plus d’un groupe que d’une artiste solo, car ce n’est pas tellement ses compositions à l’état brute qui sont exposées à l’oreille du public mais plutôt la cohésion des divers instruments employés. Gemma Hayes, elle-même, se fond dans le décor ne devenant plus qu’un intervenant parmi les autres. On devine parfois la silhouette, l’ombre de son âme se dessiner dans la recherche d’une perfection esthétique. Un chant délicat et juste, toujours contrôlé, dépouille sa musique d’une spontanéité ; chaque son est disposé telle chaque pierre d’une construction architecturale. Ni noire, ni lumineuse, sa musique se contente tout simplement d’exister.


Rita Carvalho